La méthode Borel-Maisonny, créée dans les années 1950 par l’orthophoniste Suzanne Borel-Maisonny, associe gestes et sons pour faciliter l’apprentissage du langage. Initialement destinée aux enfants sourds, elle est aujourd’hui utilisée pour accompagner les enfants présentant des troubles du langage oral et écrit. Ce guide explore son fonctionnement, son efficacité et les avis des professionnels.
Qu’est-ce que la méthode Borel-Maisonny ?
Origine de la méthode
La méthode Borel-Maisonny a été créée par Suzanne Borel-Maisonny, une orthophoniste française reconnue comme l’une des pionnières dans le domaine de la rééducation du langage. Dans les années 1950, elle conçoit cette méthode dans un contexte où peu d’outils existent pour accompagner efficacement les enfants souffrant de troubles de la communication.
À l’origine, la méthode était destinée aux enfants sourds, pour leur permettre d’accéder au langage oral grâce à des repères visuels et gestuels. Très vite, elle s’est avérée précieuse également pour les enfants présentant des troubles du langage, comme un retard de parole ou des difficultés d’articulation. Son approche innovante a permis d’ouvrir de nouvelles perspectives dans le champ de l’orthophonie.
Objectifs de la méthode
La méthode Borel-Maisonny repose sur un principe fondamental : associer un geste à chaque son du langage (ou phonème). Le geste mime souvent la manière dont le son est produit avec la bouche, ce qui aide l’enfant à mieux comprendre et reproduire le son en question.
Cette association permet de faciliter la reconnaissance auditive et la production orale des sons, deux étapes essentielles dans l’apprentissage du langage. Elle soutient également l’entrée dans la lecture en renforçant le lien entre le son entendu et la lettre écrite. Enfin, elle contribue à développer la conscience phonologique, c’est-à-dire la capacité à identifier, distinguer et manipuler les sons à l’intérieur des mots.
À qui s’adresse-t-elle ?
La méthode Borel-Maisonny est principalement utilisée auprès d’enfants qui rencontrent des troubles du langage oral, comme la dysphasie, ou du langage écrit, comme la dyslexie. Elle est également pertinente dans le cas de retards de langage, où l’enfant a besoin d’un accompagnement plus structuré pour accéder à une communication claire.
Au-delà des troubles avérés, cette méthode peut aussi être utilisée en complément de l’apprentissage de la lecture, notamment en maternelle ou au début du primaire, pour aider les enfants à mieux entrer dans le langage écrit. Elle constitue un outil de soutien précieux, que ce soit en orthophonie, à l’école ou à la maison.
Comment fonctionne la méthode ?
Le principe de l’association des gestes et des sons
Le cœur de la méthode Borel-Maisonny réside dans l’idée d’associer chaque son du langage à un geste spécifique. Ces gestes, soigneusement choisis, sont conçus pour représenter de manière simple et concrète la manière dont le son est produit dans la bouche. Par exemple, pour le son /m/, le geste consiste à toucher ses lèvres fermées, symbolisant ainsi la vibration des lèvres lorsque ce son est prononcé.
Cette association visuelle et gestuelle facilite l’apprentissage, car elle permet à l’enfant d’avoir non seulement un repère auditif, mais aussi un repère kinesthésique (mouvement du corps). En voyant et en reproduisant le geste en même temps qu’il entend le son, l’enfant peut mieux assimiler et mémoriser les phonèmes.
La progression de l’apprentissage
La méthode suit une progression structurée : elle commence par les sons les plus simples, souvent les voyelles et les consonnes les plus basiques, puis s’étend progressivement vers des sons plus complexes. Chaque phonème est introduit avec un geste, et l’enfant est invité à répéter le son tout en réalisant le geste.
Au fur et à mesure que l’enfant devient plus compétent, il apprend à associer ces sons pour former des syllabes, puis des mots. La méthode encourage également l’enfant à manipuler les sons, en jouant avec des rimes, des comptines et des jeux de mots, ce qui renforce sa conscience phonologique et sa capacité à utiliser ces sons de manière fluide et autonome.
Les supports visuels jouent également un rôle clé dans ce processus. Des affiches et des cartes représentant les gestes associés à chaque son sont utilisées, ce qui permet à l’enfant de voir et de se rappeler les gestes et les sons tout au long de son apprentissage.
L’intégration des gestes dans la vie quotidienne
Une caractéristique essentielle de la méthode est sa capacité à être intégrée dans la vie quotidienne de l’enfant. En classe, comme à la maison, l’enfant peut utiliser ces gestes pour améliorer son articulation ou sa lecture. Par exemple, lorsqu’il lit un mot difficile ou qu’il rencontre un son qu’il ne maîtrise pas bien, l’enfant peut mimer le geste correspondant, ce qui l’aide à retrouver le son et à le prononcer correctement.
De plus, les parents et enseignants peuvent encourager l’utilisation des gestes dans des activités ludiques, comme les jeux de rôle, les chansons ou même les exercices de lecture. Cela permet à l’enfant de s’approprier les gestes et de les utiliser de manière naturelle dans son quotidien.
Quels sont les avis sur cette méthode ?
Des résultats positifs
De nombreux professionnels de la santé, notamment les orthophonistes, soulignent l’efficacité de la méthode Borel-Maisonny dans la prise en charge des troubles du langage. La méthode multisensorielle (son, geste, visuel) est perçue comme un moyen de rendre l’apprentissage du langage plus concret et accessible, surtout pour les enfants qui ont du mal à l’acquérir de manière traditionnelle. Le fait d’associer des gestes aux sons permet aux enfants de mieux comprendre et mémoriser les phonèmes, et cela se traduit par des progrès significatifs dans leur capacité à articuler correctement, à lire, et à écrire.
Les parents qui utilisent cette méthode à la maison notent également des améliorations. Certains rapportent des avancées rapides dans la clarté de l’expression orale de leur enfant, ainsi que dans sa capacité à faire le lien entre les sons et les lettres. Les enfants qui ont l’habitude de pratiquer les gestes associés aux phonèmes semblent plus à l’aise lorsqu’il s’agit de lire des mots, en raison de la solidité du lien entre son et graphie que la méthode crée.
Quelques limites
Cependant, bien que la méthode Borel-Maisonny soit largement appréciée, elle comporte aussi certaines limitations. Tout d’abord, elle nécessite une formation spécifique pour être correctement appliquée. Les enseignants et les parents doivent bien maîtriser les gestes pour éviter toute confusion chez l’enfant. Une mauvaise utilisation ou une application incohérente des gestes peut réduire l’efficacité de la méthode et même nuire à la progression de l’enfant.
En outre, cette méthode n’est pas une solution universelle. Si elle est particulièrement bénéfique pour les enfants souffrant de troubles de la parole, elle n’est pas forcément adaptée à tous les enfants. Certains enfants peuvent ne pas répondre aussi bien aux gestes, en fonction de leurs profils d’apprentissage ou de la nature de leurs troubles.
Une approche complémentaire
De manière générale, les professionnels recommandent d’utiliser la méthode Borel-Maisonny en complément d’autres approches thérapeutiques et pédagogiques. Elle peut être extrêmement efficace lorsqu’elle est intégrée dans un plan de rééducation global qui prend en compte les particularités de l’enfant et ses besoins spécifiques. Par exemple, elle est fréquemment utilisée aux côtés de techniques de rééducation phonologique ou de rééducation de la lecture.
La méthode Borel-Maisonny est un outil efficace pour aider les enfants en difficulté linguistique grâce à l’association de gestes et de sons. Bien qu’elle soit très bénéfique, elle doit être adaptée aux besoins de chaque enfant et utilisée en complément d’autres approches.
